Deuil | perdre quelqu’un | choc émotionnel | rupture | déménagement | sentiment d’abandon | tristesse
Vous venez de perdre quelqu’un, vous vivez une rupture, vous avez quitté un lieu, une situation qui vous étaient chers et familiers, ou simplement vivez un passage difficile.
Quand tout semble s’effondrer à l’intérieur et que cela nous fait peur, parce qu’on a l’impression que l’on va se laisser engloutir et disparaitre et juste pas survivre à cela.
Quand une douleur nous prend trop intensément dans le corps, dans les tripes et que nous n’arrivons pas à le gérer. Que faire pour s’apaiser ? Comment le vivre au mieux.
Tout “passage”, deuil, crise que nous vivons est avant tout une opportunité pour grandir, si l’on en est averti et bien accompagné.
Différents types de deuil
Les tsunamis intérieurs sont plus ou moins forts et plus ou moins longs suivant les personnes et les évènements vécus.
Chacun « survit » à sa manière à une perte d’un être cher ou à une séparation :
Perdre un proche
Vous venez de perdre quelqu’un mais devez vous occuper des obsèques, de la famille, des affaires de la personne ; cela vous oblige à partir dans une action frénétique pour tout résoudre, qui peut vous paraitre salvatrice dans un premier temps, ne laissant ainsi pas d’espace aux sentiments douloureux. Cependant si ce deuil n’est pas vécu dans les mois qui suivent, il y a comme un nœud qui se forme et pourra se réveiller plus tard à votre insu.
Faire le vrai deuil d’un être cher qui est parti, est important pour pouvoir retrouver une certaine sérénité et permettre au corps de s’adapter à cette nouvelle réalité.
Les ruptures difficiles
On vous a quitté ou vous avez quitté quelqu’un et même avec consentement mutuel, un sentiment d’abandon vous ensevelit et vous n’arrivez pas à tourner la page, à l’oublier. Soit vous êtes terrassé, noyé dans la tristesse et le désespoir et vous vous dites « je n’y arriverai jamais ! ». Cela pour certains dure des années… Ou alors vous résistez, vous reniez, vous ne sentez pas les émotions qui pourtant mugissent en vous, en vous anesthésiant dans l’occupation ou l’excès de rationalité (“allez, on tourne la page et on avance!”).
Faire le deuil de quelqu’un qui ne sera plus là peut aussi être vécu de forme authentique et salvatrice ; par la voie du milieu.
Ou encore vous quittez un pays, une maison, une situation qui vous était familier et vous retrouvez soudain sans référence connue, avec la sensation d’être perdu, déraciné, étranger.
Garder le « bon » de ce que l’on laisse et en même temps faire le deuil d’une certaine expectative de ce que l’on voudrait retrouver. Faire un vrai deuil pour que cet épisode ne soit plus un frein, ni un voile à de nouvelles possibilités, tout en intégrant une nouvelle réalité « sans » ( ce ) qui n’est plus là.
Quand il s’agit du deuil d’une attente du “passé”…
(si ce paragraphe ne vous parle pas, passez à la suite…)
La compréhension de ce processus peu s’étendre aux blessures du passé, ce que l’enfant intérieur n’a pas eu et attend encore. Et vous amène à revivre, en tant qu’adulte, les mêmes histoires frustrantes qui reviennent et se rejouent sans cesse.
« Je n’arrive pas à vivre une relation épanouie, je n’attire que des personnes qui ne m’aiment pas ou ne sont pas disponibles ».
Une part de vous a eu des manques primordiaux dans son enfance (amour, reconnaissance, affection…) et continue à chercher à les combler chez vos partenaires. Mais l’eau a coulé, ce que l’enfant intérieur n’a pas eu, il ne l’aura pas, ne l’aura plus.
Faire le deuil de ces attentes là aussi est primordial pour permettre à un nouvel amour de naître.
>> plus de détail sur ce sujet dans cet autre article sur l’enfant intérieur
Le deuil d’une situation
En ces temps de Covid, peut-être avons-nous aussi à faire le deuil de la vie avant-Covid et ouvrir un espace pour créer une nouvelle forme de vie « après-Covid ».
Dans ces différentes situations réelles du présent, ou réminiscences du passé, il y a un processus de « deuil » qu’il est nécessaire de faire avant de véritablement pouvoir revenir à l’apaisement et l’épanouissement tant désiré.
Entre un « avant » et un « après » il y a un « pendant »
Quelle que soit la situation, « faire son deuil » de ce qui ne pourra plus être comme avant, est essentiel, sain, indispensable et c’est un processus !
Un processus dans lequel certaines étapes sont souvent bâclées, car on veut aller trop vite, ou l’on ne veut pas y aller justement. Ne pas pleurer, ne pas se lamenter sur son sort… S’entendre dire par vos proches (et vous-même) des « ça va aller… » alors que « non, ça va pas justement, là tout de suite, je suis en souffrance et tu n’y peux rien mais permets-moi de le vivre sans me bousculer ! »
Je venais d’apprendre le décès de ma Maman et l’annonçait à mon Chef au Brésil, pour pouvoir rentrer en France, et l’on me disait déjà « bola para frente »… « on avance ! ». Et bien non, justement « PAUSE » ! Cela ne passe pas comme ça, pas comme un coup de balai !
Entre un AVANT et un APRÈS, il y a un MILIEU à vivre. Et c’est ce « MILIEU » qui doit être vécu en conscience avec le temps et l’accueil nécessaires pour garantir un bon « après », libre et serein, sans mettre les poussières sous le tapis…
Comment sortir de la souffrance ?
La première chose, paradoxalement est de ne pas vouloir en sortir justement ! Ne pas « lutter contre », c’est à dire que, au contraire, on va chercher à « rester avec » ses sensations, ses émotions, mais par n’importe comment…
« Tout ce à quoi je résiste, persiste » disait le psychanalyste Carl Gustav Yung
Mettez de l’eau dans un caisson, en augmentant la pression; plus la pression de l’eau sera grande (l’émotion), plus vous la retiendrez, et plus vous aurez l’impression que c’est intenable ! Car en effet, la pression augmente et elle peutm plus tard, gérer des des explosions dans l´humeur, dans le comportement, dans le corps aussi (par une maladie par exemple)…
Mais si vous ouvrez doucement les vannes (laissez les émotions s’exprimer), l’eau s’épanchera lentement et vous sentirez la pression relâcher, le corps se détendre… La pression diminuera et vous ne sentirez plus cette urgence (même inconsciente) vous tirailler.
Quelque chose en vous va s’apaiser et votre regard deviendra soudainement plus doux pour vous-même et les autres.
Vous vous êtes permis de sentir et de laisser se manifester le sentiment de tristesse qui est là, sans chercher à vous en débarrasser ni à “passer à autre chose”. Et ainsi seulement peut s’opérer la transformation en vous. L‘acceptation vient, elle ne se provoque pas par la volonté rationnelle.
Le deuil, c’est s’accueillir en ouvrant son champ de conscience
Il est dit que l’on ne peut pas résoudre un problème au niveau où il se situe. C’est-à-dire que j’ai besoin, d’un regard plus ample que celui des émotions que je vis sur le moment. Des bras plus larges que les miens, un cœur plus bienveillant que celui du moment, un regard plus apaisé et impartial que celui de la souffrance.
Pour cela souvent avons-nous besoin de bras qui nous confortent, nous donnent le soutient où on ne peut pas le trouver seul.
Étendre ses « bords »
Faire son deuil c’est :
Elargir son champ de présence et d’accueil pour permettre à tout ce qui est là, en vous, se vive, s’expérimente dans une présence bienveillante. Comme les bords du lac qui contiennent le lac. Permettez que les vagues des émotions vous traversent sans en agiter le fond. Rencontrez en vous aussi ces “bords” du lac.
Les bords, c’est votre corps, qui vous sert de cocon réconfortant et sécurisant en apprenant à s’y relier. Le fond du lac, c’est votre conscience profonde, qui vous soutient, qui est là, dans la bienveillance et l’amour inconditionnel. L’eau, ce sont les émotions, les mémoires, les blessures qui sont enfouies dans le corps ; en les laissant être, au regard de votre présence et avec l’appui du corps, elles peuvent bouger, faire des vagues, onduler et se calmer, seules… Car tout change et se transforme à chaque instant; c’est l’alchimie de l’être et de la Vie qui opère si on lui laisse cette chance.
C’est le movere, de e-movere, émotion en latin, se mouvoir à l’extérieur.
Et alors oui, quelque chose s’apaise en vous et vous pourrez vous relier à vos élans de vie plus profonds.…
Qualité et présence dans la relation à ce que l’on vit
Ne soyez pas pressé !
« Patience et longueur de temps, font plus que force ni que rage »
Donnez-vous plutôt de la qualité de présence à chaque moment où vous en avez besoin, où vous sentez que quelque chose est là en urgence en vous. L’irritabilité, la compulsion à manger, à travailler, à penser, à fuir sur les réseaux ou devant la télé peuvent en être un signal de fuite.
Le deuil ne se passe pas d’une traite et on n’y reste pas non plus tout le temps.
« Je peux continuer la relation avec la personne qui est partie, d’un nouvel endroit en moi »
Bien vivre son deuil
Pourquoi est-ce si difficile ?
Nous n’avons pas appris à accueillir ces différentes états d’âmes qui nous traversent. Parce que nos parents ne savaient pas eux-mêmes accueillir les leurs, parce que « ça ne se faisait pas » en société de s’épancher ainsi devant les autres.
Parce que « il faut être fort » nous ont-ils dit (ou montré), pour vaincre dans la vie. Autant de pensées, de croyances et de comportements qui nous ont obligés à enfouir nos douleurs au fond du bahut… Sauf qu’elles sont toujours là, ces émotions, et peut-être aujourd’hui encore plus fortes, lorsqu’elles sont soudain réveillées et restimulées par un évènement douloureux.
Le deuil peut nous faire revivre aussi de vieilles blessures de rejet ou d’abandon. D’autant plus si vous perdez un parent, qui, en partant, ne vous laisse plus la chance de corriger une vieille situation de manque et peut vous faire entrer dans un plus grand désespoir encore.
>> voir aussi l’article sur l’enfant intérieur
C’est légitime de sentir cela !
Une émotion est un mouvement interne vers l’extérieur (e-movere) qui est une manifestation de l’organisme indiquant un état d’être face à une situation, et qui est LEGITIME !
En effet, dites-vous à vous même qu’il est légitime d’être :
- Triste quand vous perdez quelqu’un ou quelque chose de cher.
- En colère face à une injustice (et une perte peut être perçue comme une injustice aussi).
- Déçu et dépité face à une trahison.
Et aussi
- D’avoir peur devant une menace (d’être licencié, quitté, touché dans son intégrité).
Pouvoir reconnaitre ses émotions, ce qu’il se passe en vous à un certain moment, est un premier pas. Ne vous en voulez pas… Vous êtes humain et vivant, et la perte est quelque chose dont votre organisme tout entier a besoin de temps pour s’adapter.
Premières clés pour traverser le tsunami
- Reconnaitre ses émotions et les légitimer « j’ai le droit de sentir cela » en ce moment.
- Se donner le temps, une pause dans votre quotidien pour sentir, être là pour vous et votre deuil.
- S’accueillir, ou choisir quelqu’un pour vous aider à accueillir ce qui est là.
- Vous n’êtes pas obligé d’y rester tout le temps, petit à petit, offrez-vous des SAS de « autre chose » (travail, ballade, exercices, vous occuper d’autre chose…).
- Vous permettre de rire aussi, si vous en avez envie.
- Reliez-vous à l’amour qui reste en vous, même après le départ de cette personne.
La « saudade » c’est l’Amour qui reste quand la personne n’est plus là
J’aime ce mot en portugais Saudade, qui désigne un sentiment qui est un mélange de manque, de nostalgie et de mélancolie. Vivre la Saudade, même avec une larme d’émotion, peut aussi être joyeux. Cela veut dire :
« Je l’aimais, il | elle n’est plus là, mais l’amour lui est encore présent dans mon coeur »…
C’est de cette manière qu’une mère qui a perdu un enfant peut, avec le temps, transcender sa douleur en se reconnectant avec son amour maternel et l’offrant à d’autres enfants.
Les étapes du deuil
Des études de thanatologie (sur la mort) définissent 6 étapes principales face à la mort.
- La torpeur : peut d’abord se manifester devant la nouvelle; un état de choc, où la mémoire peut venir à faillir.
- Le choc et le déni : le choc peut-être si grand et la douleur associée si intense que l’organisme fait tout pour ne pas la sentir au point de l’ignorer complètement. Le déni est compliqué et peut prendre du temps. Il est une négation totale du réel, par manque de moyens internes. La personne peut d’ailleurs donner l’impression que « tout va bien », de « maîtriser » totalement la situation, de ne pas être triste, ne verser aucune larme. La personne ne fait pas le deuil, n’en a pas les moyens ou ne se les donne pas. Le déni peut faire ressurgir ces douleurs plus violemment dans le futur ou à travers des symptômes ou des maladies dans le physique.
« Ce que je n’exprime pas, s’imprime »
Carl Gustav Yung
Le déni peut également se faire en regard de la personne disparue ; de faire comme si elle était encore là.
- La Colère, la révolte sont fréquentes, lorsque les larmes ne coulent pas. Tellement il est difficile d’accepter ce qu’il s’est passé, de sentir la douleur en soi monter, tout l’être y résiste avec force. La colère peut se diriger envers les autres, l’univers, dieu ou encore envers soi-même. Voir générer de la culpabilité « c’est de ma faute », « c’est moi qui aurait dû partir ».
- Peut s’ensuivre une phase de désorganisation où la personne n’arrive pas à accomplir ses fonctions quotidiennes. L’organisme a perdu ses références et peut vivre une certaine confusion durant quelques jours. La personne peut aussi perdre la mémoire, et requérir une aide médicale.
- Une profonde tristesse peut alors émerger (dès le début). Une tristesse au rôle de régulation ; on ne pleure pas toujours, mais on peut avoir besoin juste d’être « seul » sans spécialement en parler. C’est le sentiment qui permet la vraie transformation de la douleur de la perte. Elle permet de trouver des adaptations internes et petit à petit, diminuer la souffrance. Elle doit être accompagnée pour ne pas glisser dnas une dépression.
- L’acceptation, la réorganisation, la reconstruction de la vie « après » et du « vivre sans ». On passe enfin à une phase encore oscillante mais où l’on commence à se réorganiser intérieurement et extérieurement. Commencer à considérer la vie d’une autre façon tout en continuant à faire face aux impératifs de la nouvelle situation « sans » l’autre. Rien ne doit être forcé.
Le deuil n’est pas nier, ni oublier l’autre et ce qu’il s’est passé. C’est « devenir » un autre intégrant cette nouvelle situation et une nouvelle relation interne vis-à-vis de celui qui est parti.
Quelques rites pour aider au deuil
- Il est nécessaire de se confronter à la réalité. Ne pas faire comme si cela ne s’était pas passé. Aller aux obsèques, au cimetière (aussi pour les enfants). On ne peut lutter que contre quelque chose qui s’est réellement passé. Dans le cas d’une séparation, laisser les choses claires vis-à-vis de l’autre personne. Et faire le rituel de coupure un peu plus tard (vous pouvez aussi plus tard faire le protocole de la « coupure énergétique »).
- Reconnaître aussi l’amour et la beauté de ce qui a été vécu (si c’était le cas). Et le célébrer à sa façon aussi. Cela était réel et peut rester dans les souvenirs, sans que cela soit triste.
- Ne pas laisser la fin « kidnapper » la vie de la personne. Pouvoir raconter le récit de sa vie, de son « vivant ».
- S’ajuster petit à petit au monde « sans » la personne. On ne met plus l’assiette de l’autre, mais peut-être peut-on changer de place, changer les meubles.
- Se reconnecter à une dimension « plus grande » que soi, afin de trouver de nouvelles significations.
- Honorer la mort en honorant la vie. Honorer votre vie, sans culpabilité. Vous ne « devez rien » au départ de l’autre, sinon de vivre bien votre propre vie.
« Laisser les morts avec les morts et les vivants avec les vivants »
Bert Hellinger (modèle systémique familial).
Dans le bouddhisme il existe le Bardo (le livre de la Vie et de la Mort des tibétains), qui sont différentes étapes par lesquelles passe le défunt et qui peut durer jusqu’á 40 jours. En lisant ce livre on comprend qu’il existe d’autres dimensions auxquelles les défunts peuvent accéder après la mort. Une mort non pas vue comme une fin en soi, mais comme un passage à d’autres dimensions et à d’autres niveaux de conscience.
Vivre un deuil, quel qu’il soit, est un processus profond de transformation.
Un processus d’apprentissage dans l’alternance
Dans ce processus et d’ailleurs comme dans tout processus de transformation, on ne passe pas d’une situation à l’autre en un clin d’œil (mais un clin « deuil » ouf !). On ne passe pas de la perte ou de la séparation à l’épanouissement d’une nouvelle vie d’un jour à l’autre.
Dans ce passage que j’appelle le « milieu » on vit une oscillation entre la perte et la reconstruction.
Nous y alternons entre des phases de tristesse, de révolte, de colère, de prostration (propre au deuil même) avec, des phases de reconstruction, de revitalisation, de joie même et légèreté, qui nous ouvrirons vers une nouvelle conscience, un nouveau regard vers nous-mêmes et la vie.
Se remettre d’une perte, d’une blessure, est un processus qui se vit dans cette «dualité » entre descendre dans les tréfonds de son désespoir et remonter la pente et renaître nouveau. Entre souffrir et se réjouir. Entre revisiter le passé et construire le futur. A chaque jour différemment, d’un côté de la barrière jusqu’à arriver sur l’autre rive.
Plus vous laisserez de l’espace pour vos émotions s’intégrer en vous, plus cela ouvrira de l’espace pour le nouveau. Et vous commencerez à voir la vie d’un nouveau regard, dans le nouveau contexte que vous vivez.
Le deuil est un processus d’apprentissage où le corps, le cœur et l’esprit apprennent à se remettre d’un choc et à s’adapter à la nouvelle situation.
Après les premières phases plus difficiles, on recommence à répondre pas à pas aux nécessités de la vie, se faire plaisir de nouveau, développer de nouvelles attitudes, comportement, cadre de vie si besoin et faire de nouvelles choses.
Cela ne se démarque que par le temps de deuil, qui est propre à chacun, mais en fonction de la résurgence des symptômes de la personne.
Il s’agit d’un processus oscillatoire et adaptatif.
Se faire accompagner ?
Les ressources et l’intention juste
Trouver ce réconfort chez nos proches n’est cependant pas toujours facile. Car peu sont ceux qui supportent vraiment (dans le sens de soutenir) l’intensité des sentiments des autres, sans vouloir que :
- Cela cesse ou diminue.
- Cela passe vite et que vous ailliez mieux.
- Trouver une solution pour vous !
Avez-vous remarqué que les injonctions suivantes ne marchent pas, et même souvent empirent la situation ? Comme par exemple s’entendre dire :
- « Calme-toi » quand vous êtes énervé ou en colère.
- « Sois pas triste » alors que vous l’êtes.
- « Ça ira mieux » ou « ça va passer » alors que vous allez (justement) mal…
- « Bouge-toi » alors que vous êtes prostré de douleur…
Etc….
Et ça ne fait que vous enfoncer plus en vous rajoutant des tensions, en vous faisant sentir coupable ou simplement impuissant à faire ce que l’on attend de vous. Et ne veut pas dire non plus qu’il faille se complaire dans la souffrance.
Pour cela il est important d’être soutenu par une « vraie » écoute active et bienveillante. Pour vous permettre de rejoindre et accueillir ce qui est présent à ce moment-là. Et peut-être en trouver les mots (et les maux) justes…
« Il n’y a pas pire souffrance que celle qui n’a pas de mot, pas de sens »
J. Y Leloup
En réalité personne ne nous a enseigné à rester avec soi-même et à se connecter avec la douleur. Donc ne leur en voulez pas… et mettez juste les points sur les « i » si vous sentez qu’une personne vous entrave plus qu’elle ne vous aide réellement.
Quelques principes importants pour les « aidants »
Si vous voulez vraiment « aider » une personne en deuil, en commençant par vous-même si c’est le cas, premièrement en ne « faites rien », c’est-à-dire :
- Juste se tenir « à côté » de celui qui est dans la détresse.
- Laisser de l’espace pour la déstructuration (les larmes, la colère, les oscillations) et même les coups de gueule ! Ça n’est pas contre vous ! Ne pas les empêcher, ne pas en faire un autre drame…
- Rendre légitime autant la douleur, les oscillations d’humeur, que les rires durant la période.
- Ne pas vouloir retirer la personne du processus avec des « ça va aller !!»
- Normaliser l’expérience : se « sentir mal » à ce moment-là, c’est « normal » !
- Etre là « avec » elle sans « suggérer », sans « conseiller », surtout si la personne ne le demande pas ! Avoir un temps de lamentation est normal aussi, laisser « pisser » le trop plein de douleur de colère, de tristesse….
- Offrir un cadre, des bras protecteurs et rassurants. L’endeuillé peut avoir besoin de passer par des catharsis pour libérer le trop plein d’émotions. Accueillez-le gentiment et ayez confiance dans le processus de guérison qui se joue devant vous. Pour le reste, ayez confiance en la Vie qui se joue.
- N’attendez pas que la personne redevienne comme avant. Elle ne sera « pas » comme avant. Quelque chose à l’intérieur a dû s’adapter.
- Et peut-être, si vous en vient l’inspiration, mettre sa vie en récit.
Le deuil n’est pas une maladie !
C’est un processus d’apprentissage et d’adaptation.
Et comme toute transformation, il prend du temps pour s’intégrer.
Soyez juste présent et rassurant, si possible (et donc bien avec vous-même avant tout).
Je mets juste un bémol sur les situations pathologiques, les vulnérabilités psychiques bien-sûr qui auront besoin d’un soin spécial si la tristesse et le deuil s’éternisent.
Combien de temps
Un deuil n’a pas de temps défini. Le temps redéfinit le deuil à chaque moment. A chaque évènement de la vie qui nous amène à re-signifier la place de la personne. Un enfant qui perd son papa, va se souvenir de lui à chaque passage important de sa vie (un diplôme, les anniversaires etc.).
A chaque nouveau lieu que je visite, me vient l’envie de prendre une photo « pour Maman » comme j’aimais lui envoyer de son vivant. pour lui montrer que je pensais à elle, même au bout du monde. J’y pense toujours, même si je ne prends plus la photo.
Les anniversaires, les évènements heureux ou malheureux nous ramènent à renforcer la nouvelle relation que nous créons avec celui qui est partit. Et c’est ok de verser encore quelques larmes plusieurs années plus tard, du moment que l’on n’y reste pas « scotché ».
Le problème est quand la personne reste ni dans le deuil, ni dans la restructuration et se déconnecte d’elle-même ; cela demande un suivi particulier.
Un deuil peut être retardé
Comme on l’a vu au début, devant faire face aux « obligations » immédiates, il est possible que le deuil ne puisse pas avoir lieu tout de suite. Mais il est important d’être clair sur ce choix, et de se donner l’espace de le vivre plus tard et enfin pouvoir…
« S’asseoir avec la douleur »
Rappelez-vous que ce n’est pas l’idéal, car l’évènement est déjà arrivé, et les émotions sont déjà là aussi, en vous. C’est organique, automatique, sain, c’est le corps qui fait son oeuvre.
Ce que faire un « bon deuil » n’est pas
- Devoir oublier absolument la personne ou situation qui n’est plus.
- Ou le contraire, s’obliger à y penser et en parler « tout le temps » pour ne pas « oublier » justement.
- Ne plus sentir d’émotion, on est humain !!!
- Vouloir que la situation redevienne « comme avant ».
- Etre forcément triste en pensant au défunt (au début oui, mais après un temps, pas forcément); on peut se relier au défunt par des souvenirs heureux et joyeux.
- Vouloir que les morts reviennent ou les croire toujours présents (leur mettre une assiette à la table, faire comme s’ils étaient encore là).
Quelques soient les émotions qui vous traversent :
Ne vous sentez pas coupable !
N’y résistez pas non plus,
Sentez avec conscience ce qui vous traverse, dans le corps…
2 réflexions sur “Le deuil | Comprendre et savoir comment vivre ses passages difficiles”
Chère Christine,
J’aime beaucoup vous lire et vous suivre avec les méditations que vous nous avez permis de partager. ça m’aide à me recentrer sur moi-même et en même temps à me reconstruire.
Merci infiniment.
Silvia
Heureuse que ces resources puissent vous aider. Merci du retour. Et bonne continuation.
Christine